Accueil A la une Populisme, accusations sans preuves et discours de bas niveau : Qui mettra fin aux dérapages des députés ?  

Populisme, accusations sans preuves et discours de bas niveau : Qui mettra fin aux dérapages des députés ?  

La situation politique du pays va de mal en pis. Désormais, on se permet d’accuser le Président de la République de «haute trahison», sans aucune preuve. L’heure est grave, alors que les dérapages de nos députés n’en finissent pas.

Un an et demi après la mise en place de la deuxième législature, le rendement de nos députés pose vraiment problème. Durant ces mois de pouvoir, nos élus n’ont pas su faire preuve de consensus et se sont enlisés dans des conflits politiques interminables. Violence, tension, discours de bas niveau, altercations et autres, les députés de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) ont assurément déçu leurs électeurs.

Le règlement interne de l’ARP ainsi que la Constitution ont, en fait, délimité les compétences mais aussi les missions et les rôles des députés. Sauf que certains de nos élus font fi de ces textes et s’enfoncent dans des questions inutiles au point que leur principale mission, celle de la législation, semble être oubliée.

En effet, en prenant la direction des urnes en octobre 2019, les Tunisiens ne s’attendaient pas à un tel rendement de la part de ceux qui sont, pourtant, censés les représenter. Alors que certains députés se sont lancés dans une guerre ouverte contre le Président de la République sur fond d’un conflit politique, d’autres ont décidé de défendre leurs propres intérêts. Les agissements du député indépendant, ex-Coalition Al-Karama, Rached Khiari, constituent un exemple concret de ces dérives et dérapages commis par nos élus. Cet élu mène depuis plusieurs semaines une attaque sans précédent contre le Président de la République, au détriment de ses missions en tant que législateur. Il est allé jusqu’à accuser le Président de la République d’être sous les commandes des Etats-Unis sans aucune preuve à l’appui.

Sous sa qualité de «député» et sous le couvert de son immunité, le très controversé Rached Khiari continue, en effet, de proférer des accusations à tout-va à l’encontre de tout le monde. Mais cette fois, ce sont des accusations dangereuses qui touchent la question de la sécurité nationale qu’il est en train de lancer à tort et à travers. Pour lui, tout est permis, alors que le privilège de l’immunité parlementaire s’exerce strictement dans le cadre du travail parlementaire des élus et non pas pour proférer des accusations sans aucune preuve.

Dans une vidéo publiée sur sa page Facebook, le député s’est dit disposer de «révélations fracassantes» au sujet du présumé «financement douteux» de la campagne présidentielle de Kaïs Saïed. «Kaïs Saïed est à la solde de l’administration américaine de Donald Trump. Le 19 août 2019, il avait rencontré un responsable sécuritaire de l’ambassade des États-Unis en Tunisie. Il était avec son directeur de campagne, Faouzi Daâs. Depuis ce jour, Kaïs Saïed s’est mis à la solde de l’administration de Donald Trump», a-t-il même lancé.

Accusant le Chef de l’Etat de «haute trahison», il va jusqu’à prétendre que l’ambassade des États-Unis en France serait impliquée et aurait effectué des virements étrangers au profit de Kaïs Saïed, évoquant des «preuves irréfutables», basées sur «un travail d’investigation». Il a, dans ce même contexte, accusé Kaïs Saïed de «haute trahison». «Je défie le Président de la République de renoncer à son immunité et je ferai de même pour l’affronter devant la justice», a-t-il dit.

Populisme et propos infondés

Des accusations qui ont provoqué un tollé, d’autant plus que ce député a toujours été impliqué dans ce genre d’affaires et ne cesse de bénéficier de son immunité parlementaire pour éviter toute poursuite judiciaire.  En tout cas, décidé de se concentrer sur des «enregistrements fuités» et de laisser de côté les problèmes de ses électeurs, il s’est lancé dans une nouvelle aventure populiste: accuser le Président de la République de corruption.

La réponse de Faouzi Daâs, directeur de la campagne électorale du Président de la République, n’a pas tardé. Il a démenti les informations relayées par le député assurant qu’il s’agit de propos infondés et  annonçant qu’une plainte sera déposée à son encontre pour diffamation. Daâs a, à son tour, défié, dans un post Facebook, Khirari de renoncer à son immunité parlementaire et à présenter les dossiers auxquels il a fait référence, à la justice.

Réactions sur fond de condamnations

Ces graves accusations ont provoqué en effet un tollé sur la scène médiatique. Prenant la parole sur sa page Facebook, le président du parti Machrou Tounès Mohsen Marzouk a fermement condamné ce genre de propos, appelant la justice à ouvrir une enquête et à convoquer Rached Khiari pour mettre fin à ses agissements. «Quand est-ce que le parquet ou la justice militaire se mobiliseront pour mettre fin à ces agissements et pour en finir avec ces menaces à la sécurité nationale ?», s’est-il interrogé.

Le député du bloc national Ayechi Zammel a appelé, dans ce contexte d’attaques à l’encontre du Président de la République, l’ensemble des élus à l’Assemblée des représentants du peuple à cesser ces agissements appelant à «opter pour le dialogue entre la présidence de la République et le Parlement, compte tenu de l’étape critique que traverse actuellement le pays».

Dans ce sillage, et sur fond de ces graves dérapages, le leader au sein du parti Ennahdha, Abdellatif Mekki, a appelé tout le monde à faire prévaloir la voix de la sagesse et du dialogue.

Pour lui, la seule issue à cette crise n’est autre que le consensus et le dialogue pour éviter l’effondrement de l’Etat.

En tout cas, dans un récent discours prononcé à l’occasion de la commémoration du 65e anniversaire des forces de sécurité intérieure, le Chef de l’Etat a promis que l’immunité parlementaire ne pouvait plus servir de couvert politique à certains députés. Les graves accusations faites par Rached Khiari à l’encontre du Président de la République marquent, en effet, un tournant dangereux dans ce conflit politique et institutionnel.  Il y aura certainement des répercussions.

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